La Féverole d’hiver : fiche d’un couvert végétal
En agriculture, la Féverole est un excellent engrais vert. Lorsqu’elle est utilisée comme couvert végétal, cette espèce de légumineuse enrichit le sol grâce à un système racinaire doté de nodosités - organes symbiotiques qui accueillent des bactéries fixant l’azote atmosphérique. La Féverole est une culture relais dans la rotation car elle favorise la diversification des cultures et améliore la structure du sol.
Caractéristiques de la Féverole
La Féverole d’hiver se différencie de la Féverole de printemps. Bien que l’espèce soit la même, les variétés n’ont pas les mêmes propriétés physiologiques ni les mêmes périodes de semis et de récolte/destruction.
C’est une plante annuelle, appartenant à la famille des Fabacées, plus communément appelées légumineuses. Leur caractéristique principale est que leurs fruits sont comestibles et poussent dans une gousse. Elles possèdent une tige creuse et des fleurs à symétrie bilatérale.
La culture de la Féverole
Les sols argilo-calcaires, frais et riches en humus sont idéaux pour le développement de la Féverole. Il faut ainsi favoriser les sols avec pH minimum de 6, qui ne sèchent pas et ne sont pas sensibles à la battance. Un sol trop acide peut nuire aux bactéries présentes dans les nodosités.La Féverole d’hiver est résistante au froid et facile à cultiver. Sa tige creuse facilite la destruction du couvert, surtout lorsqu’il est développé.
Semis de la Féverole
Comment semer la Féverole ?
La Féverole se sème dans une terre aérée afin de faciliter le développement du système racinaire et de ses nodosités. La profondeur optimale de semis est de 5 à 8 cm, en fonction de l’humidité du sol.
Attention : il faut utiliser un semoir adapté en raison de l’épaisseur des graines de la Féverole.
En hiver, la Féverole se sème relativement profondément afin de favoriser le bon développement de la symbiose et limiter les risques de gel.On conseille une densité de 100 à 200 kg par hectare (20-25 g/m²) si la Féverole est cultivée seule. Cependant, c’est une plante qui se mélange très bien avec d’autres espèces de couverts végétaux.
Quand semer la Féverole ?
Le semis de la Féverole d’hiver est généralement réalisé entre le 15 octobre et le 15 novembre, en semis direct ou après labour. Bien que résistante au froid, la Féverole ne germe pas sous un température supérieure à 30 °C.
La destruction du couvert est souvent réalisée avant le mois d’avril, c’est-à-dire avant la floraison de la Féverole et avant le semis de la culture de printemps.
Bénéfices économiques et agronomiques de la Féverole
Bénéfices économiques
En couvert annuel, la Féverole est rarement commercialisée car elle n’atteint pas sa maturité. Cependant, lorsqu’elle est en tête de rotation ou en interculture, il existe plusieurs manières de valoriser la Féverole. La récolte peut servir à la méthanisation, à l’alimentation animale ou même humaine, selon la variété cultivée.
Bénéfices agronomiques et écologiques
La Féverole est une légumineuse qui vit en symbiose avec des bactéries de type Rhizobium, naturellement présente dans le sol. Celles-ci captent l’azote atmosphérique et la distribuent à la plante (et à toutes les plantes aux alentours) en formant des nodosités sur son système racinaire.
Un couvert de Féverole peut ainsi enrichir le sol en azote à hauteur de 135 kg par hectare. Cette espèce est donc un excellent engrais vert dont les apports sont mobilisables par la culture suivante.
Par ailleurs, le feuillage dense de la Féverole permet une évapotranspiration importante et son système racinaire pivotant permet de structurer le sol en profondeur, favorisant ainsi le drainage du sol. La Féverole d’hiver aide également à concurrencer la repousse des adventices car elle couvre mieux la surface exploitée.
Enfin, la Féverole est une espèce de protéagineux résistante à l’Aphanomycès, ce qui fait d’elle une alternative efficace au pois. En freinant le cycle des ravageurs ou des adventices associées à d’autres espèces de couverts, la Féverole assure un relais dans la rotation.
Féverole et association de culture
Associations conseillées
La Féverole peut être semée seule mais il peut être intéressant de la mélanger avec d’autres espèces de couverts végétaux, comme par exemple :
- de l’avoine rude,
- de l’avoine blanche,
- du trèfle blanc,
- du trèfle incarnat,
- du trèfle d’alexandrie,
- du trèfle violet,
- de la vesce.
Grâce à sa capacité d'assimilation de l’azote atmosphérique, la Féverole est une plante compagne particulièrement intéressante.
Associations déconseillées
Il vaut mieux éviter d’associer la Féverole avec d’autres protéagineux comme le pois. Par ailleurs, la Féverole étant résistante au froid, il est également préférable d’éviter de l’associer avec d’autres espèces choisies pour leur capacité gélive.
Féverole et rotation de culture
Précédent de culture
Afin d’éviter de saturer le sol en azote, il est préférable de mettre en place un couvert végétal de Féverole après une culture à faible reliquat azoté. Par exemple, une culture de maïs, de céréales ou de betteraves sont des précédents adaptés.
A l’inverse, semer la Féverole après une culture de pois ou une prairie risque d’entraîner un excédent d’azote et un risque de développement important des adventices lors de la culture suivante.
Adapté à la culture suivante
Lorsqu’elle précède une culture de maïs, de céréales, colza ou de pomme de terre, la Féverole apporte une fertilisation azotée particulièrement intéressante pour la culture qui suit dans la rotation.
Inadapté à la culture suivante
Afin d’éviter une surfertilisation azotée, il est déconseillé de planter une autre légumineuse après la Féverole. De plus, les cultures sensibles aux excès d'azote sont défavorables. Par exemple, le lin oléagineux, n’est pas adapté à la suite de la Féverole car sensible aux exces d'azote.
Par ailleurs, une culture de pois, de soja, de tournesol ou de légumes d’industrie est davantage exposée à des risques de Sclérotinia lorsqu’elle suit un couvert de Féverole.
