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Voici la formation en format vidéo de la partie 4 :
🧐 La vidéo en détails
- 00:00-01:50 Introduction
- 01:50 Taux de calcium faible mais pH correct : stratégies d'apports
- 01:50 Stratégie 1 : combler les besoins de la culture sur l'année
- 03:42 Stratégie 2 : combler les besoins de la culture et rechercher un effet structurant
- 04:53 Stratégie 3 : apports foliaires pour correction en cours de cycle
- 05:26 Calcium à apporter et pH à redresser ou entretenir : stratégies d'apports
- 05:26 CEC et taux de saturation
- 07:27 Exemple de calcul d'apports pour un redressement (pH < 5,8)
- 11:10 Exemple de calcul d'apports pour un entretien (pH > 5,8-6)
- 12:58 Précisions sur les indicateurs à prendre en compte pour le choix des produits
- 12:58 Valeur neutralisante (VN)
- 14:58 l'indice de positionnement agronomique (IPA)
- 15:48 La solubilité carbonique (SC)
- 16:32 Données économiques
- 24:07 Les 3 points clés à retenir
- 25:20 Sources bibliographiques
Taux de calcium faible avec un pH correct : stratégies d'apport
Stratégie 1 : apport d'une quantité de calcium pour les besoins de la culture sur l'année
Couvrir les besoins de la culture
Comme on l'a vu dans les précédents modules de cette formation, on peut considérer qu'un taux de calcium dans le sol est faible lorsque la teneur en calcium assimilable est <900 ppm. On considère qu'un pH est correct lorsqu'il est >5,8 - 6 (stratégie d’entretien).
L'analyse de sol est la base du raisonnement pour calculer ses besoins, que l’on fait confirmer par des analyses de sève afind' identifier la teneur en calcium dans la sève de la culture en place.
Dans un apport calcique, c’est bien la base qui accompagne le calcium qui neutralise l’acidité. Le gypse (CaSO4 2-) est donc adapté pour apporter du calcium au sol sans jouer sur le pH. Les écarts de prix que l’on peut retrouver sur ce produit sont parfois déstabilisants. Cela dépend du produit en lui même : il existe du gypse de carrière qui coûte relativement cher (jusqu’à plus de 300 €/t) et du gypse issu de recyclage de plâtrerie moins onéreux. La partie matériel est la première réflexion à avoir. Si le gypse n’est pas compacté (gypse fin en poudre), un épandeur à plateau est nécessaire. S’il s’agit de gypse recompacté, l’épandeur à engrais classique fera l’affaire.
Dans ce cas, les apports peuvent être réalisés avec des granulés avec un épandeur centrifuge classique à des coûts abordables. Avec des produits en poudre, il est incommodant d'apporter des doses faibles : une stratégie envisageable est de mélanger aux effluents d'élevage, à condition que le mélange soit homogène.
- Teneur en calcium moyennement faible : un apport de gypse à hauteur de 250 kg/ha/an est suffisant, pour un coût de 45 €/ha sans compter l'épandage.
- Teneur en calcium très faible : un apport de gypse de 500 kg/ha/an est nécessaire, pour un coût de 90 €/ha sans compter l'épandage.
Stratégie 2 : apport de calcium pour les besoins de la plante et pour améliorer des soucis de structure de surface
Couvrir les besoins de la culture et structurer le sol
Ces apports peuvent être réalisés avec des produits en poudre provenant de recyclage de plâtreries. Un épandeur à plateau est nécessaire pour l'épandage.
La stratégie peut être de faire ces apports sur 30% à 50% de sa surface tous les ans afin de répartir les coûts. Pour éviter de systématiser, une analyse de sol guide toujours le choix avant un nouvel apport.
- Un apport de 1,5 t/ha tous les 2 ans peut être envisagé, pour un coût de 25 à 50 €/ha/an sans compter l'épandage.
- On voit que le prix est équivalent à la dose faible avec du gypse en granulés (vu précédemment). En revanche, la quantité de calcium apportée est différente : avec des teneurs en calcium-sulfate de 30-35, un apport de 1,5 t apporte 450 kg/ha de calcium au sol.
Stratégie 3 : apport en foliaire pour correction en culture
Apports foliaires
Ces produits peuvent venir en complément pour corriger un déséquilibre léger en cours de cycle. La base de ces apports est l'analyse de sève.
Des apports de calcium en foliaire (algues, litotame) peuvent être proposés, en sachant que la quantité de calcium que la plante peut absorber par les feuilles est plus faible que par le sol. Cela peut s'avérer intéressant mais moins efficace qu'une absorption racinaire, donc passager et ponctuel.
- Un apport foliaire de 2 l/ha d’algues liquides à une concentration en calcium de 0,24 g/l peut être envisagé après analyse de sève si besoin, pour un coût <10 €/ha sans compter l'épandage.
Calcium à apporter et pH à redresser ou à entretenir : quelle stratégie ?
La Capacité d'Echange Cationique (CEC) mesure le pouvoir d'un sol (du Complexe Argilo Humique) à retenir et échanger des cations
Le tableau suivant donne une base de réflexion en fonction de la CEC et du taux de saturation : plus la CEC est élevée et le taux de saturation des bases faible, plus il faut des apports en bases élevés.
- Taux de saturation >60% : les besoins en bases sont relativement faibles, pas des apports ne sont pas nécessaires.
- Taux de saturation entre 50 et 60% : les apports dépendent de la CEC (on parle de pouvoir tampon du sol : plus la CEC est élevée, plus il y a de matière organique et d’argile, plus le sol va absorber les bases apportées et moins l’acidité est efficacement neutralisée).
- Taux de saturation <50% : des apports plus importants sont nécessaires.
Exemple de calcul d'apports pour un redressement (pH < 5,8)
Plusieurs méthodes de calcul pour estimer les quantités de bases à apporter et aucune équation n’est complètement juste. Des approximations permettent d’avoir une base.
Dans cet exemple, des apports de redressement sont nécessaires (pH<5,8) : il faut redresser le pH pour éviter des pertes de rendements et limitation d’assimilation des éléments nutritifs.
Éléments pris en compte pour le calcul du redressement :
- pHeau = 5,8
- CEC metson = 12 cmol*/kg
- S/CEC = 68%
- Profondeur du sol = 20 cm, absence de cailloux, soit un poids de terre fine estimé à 3000 t/ha
Objectifs de l’apport d’amendement :
- Atteindre un pH de 6,3 optimum pour une céréale
- Soit S/CEC souhaitable de 90% (pHeau et S/CEC sont corrélés)
Besoin En base (BEB) :
- BEB = CEC x (S/CEC opti - S/CEC analyse) x 0,28 x poids de terre fine
- Pour cet exemple : BEB arrondi = 2200 unités de valeur neutralisante par ha
- Possibilité de le fractionner en 2 fois, en apportant un amendement basique calcique (et magnésien en cas de déficit de Mg)
Les prix des produits peuvent être très variables : du simple au double selon les régions et les qualités de produits. Il est important de regarder l'aspect économique : comparer si l'on va avoir un impact sur le rendement à l'échelle de la culture.
Coût stratégie redressement de 5,8 à 6,3 CEC à 10, S/CEC à 58 % :
- 4,5 T carbonates sur 2 ans : 90 - 180 €/ha/an
- 2,4 T de chaux : 156 €/ha/an
Exemple de calcul d'apports pour un entretien (pH > 5,8-6)
Plusieurs équations sont disponibles. Chez AgroLeague, on a fait le choix de prendre la plus simple : que ce soit utilisable facilement, qui nous vient d’une station agronomique de l’Aisne.
Méthode de la Station Agronomique de l’Aisne
- Éléments pris en compte pour le calcul de l’entretien :
- pHeau = 6,2
- Besoin En base (BEB) :
- BEB = (pHeau actuel - 3)2 x 30
Soit : BEB = (6,2-3)2 x 30 = 307 UVN
- Un apport de 1,2 t de carbonate de calcium (à 54 de VN) tous les 2 ans peut être envisagé, pour un coût de 25-50 €/ha/an sans compter l’épandage.
Point d'attention pour les systèmes en transition vers du semis direct
Le calcium dans la solution du sol est lessivable. Il peut donc se créer une décalcification en surface s'il n’y a pas de travail ni mécanique, ni biologique (vers de terre anéciques qui font remonter en surface du calcaire actif). Les argiles ne pouvant plus être floculées en surface, il n’y a plus de construction d’agrégats possible et une croûte de battance se crée. Cela est particulièrement vrai lors des premières années de transition vers le semis direct car l’activité biologique n’est pas encore assez développée pour remonter le calcium de la profondeur.
Précisions sur les indicateurs à prendre en compte pour le choix des produits
Valeur neutralisante (VN)
La valeur neutralisante (VN) représente le potentiel d'un amendement basique à neutraliser l'acidité du sol. Elle dépend des teneurs en CaO et MgO. À VN équivalente, les amendements ont la même capacité de compensation du pH. C'est donc surtout la vitesse d'action qui varie selon les produits.
Les besoins en bases sont exprimés avec les unités de valeur neutralisantes (UVN). La valeur neutralisante d’un amendement calcique simple correspond au pourcentage de CaO présent dans le produit (45% de CaO dans le mélange apporte 45 unités de valeurs neutralisantes).
Les apports magnésiens ont une valeur plus élevée que le CaO : environ 40% de plus qu’une unité calcium. Dans ce cas, le coefficient correspond à 1,4 unités de valeurs neutralisantes.
La solubilité carbonique (SC)
L’autre élément à prendre en compte est la solubilité carbonique (SC). Elle correspond au potentiel du produit à se solubiliser dans l’eau et donne une indication sur sa rapidité d’action : plus elle est élevée, plus le produit agit rapidement. Elle dépend de la finesse de mouture, de la tendreté et du type de produit.
La rapidité d'action dépend également du pH du milieu : plus il est acide, plus l'efficacité des bases est importante. Par exemple, à pH 4,5 - 5, 100% du potentiel des amendements basique est exprimé. Pour un pH situé autour de 6, l'efficacité de rapidité de solubilisation dans le milieu baisse à 75%.
SC : donne une indication sur la rapidité d’action du produit. Elle dépend de la finesse de mouture, de la tendreté et du type de produit.
- 80-90 SC : chaux (action rapide);
- 50-60 SC : carbonates assez fins (action moyenne à rapide);
- <40 SC : produits lents, dolomies grossières, carbonates grossiers, sables de carrière.
Indice de positionnement agronomique (IPA)
VN, SC et taux de saturation CEC sont repris par l’indice de positionnement agronomique (IPA) qui indique le type de produit que l’on peut envisager en fonction du pH à l'instant t et du pH cible souhaité.
Cet indicateur peut être intéressant pour donner une idée de ce qu’on mettre en place et ainsi de trier les produits que l’on nous propose dans le commerce.
Dans notre exemple, on souhaitait remonter le pH à 6,3. Dans ce cas, des carbonates fins et tendres pourraient correspondre pour arriver à l’optimum technique.
Source : UNIFA
Données Economiques - Influence du pH sur la productivité des systèmes agricoles
Le pH n’est pas vraiment un facteur de production
Le pH n'est pas un facteur de production à proprement parler, mais il induit des conditions de production favorables pour les cultures. Il agit sur une multitude de facteurs dans le sol (structure du sol, activité biologique), ce qui complique le chiffrage du retour sur investissement direct. Cependant, une bonne gestion de l'acidité du sol a des retombées positives sur le système de production.
L'importance de se situer au-dessus du seuil critique
Le graphique suivant est issu d'une étude faite par Terrena pour chiffrer l'impact du pH sur le rendement de l'orge, du blé et du colza dans l'Ouest, le Sud-Ouest et le Centre de la France. Le témoin du rendement est exprimé en % du meilleur traitement chaulé. On observe des rendements plus faibles sur les témoins non chaulés en comparaison avec les modalités avec chaulage.
Un gain de rendement de 6% lié à une bonne gestion du pH
Les résultats de l'étude effectuée par Terrena montrent qu'en passant d'un pH 6 à un pH de 6,9, un gain de rendement global de 6% est observé sur les principale cultures. Cela démontre l’intérêt du chaulage, il reste néanmoins important d’analyser chaque situation individuellement.
De manière globale :
- Lorsque le pH est inférieur à 5,5 il faut vraiment se poser la question du chaulage. Très souvent, c'est rentable économiquement.
- Lorsque le pH est supérieur à 5,8 - 6 le besoin en chaulage est moins important. On se concentre donc plus sur le calcium. Il faut regarder la marge et entretenir avec des apports où l’on va investir le moins possible pour garder un statut acido-basique correct.
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