Réussir l’association du colza avec des plantes compagnes

Loan Wacker
Responsable du contenu agronomique
Cultures associées
27/5/2022
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Réussir l’association du colza avec des plantes compagnesRéussir l’association du colza avec des plantes compagnes

Les essais menés par les instituts techniques ainsi que les retours terrain le confirment : associer le colza à des plantes compagnes permet d’améliorer la performance globale du système.

L’idée est d’accompagner le colza avec des légumineuses dans la première partie de son cycle végétatif pour profiter des services naturels de celles-ci : fourniture d’azote, contrôle des ravageurs, gestion des adventices, amélioration de la porosité du sol.

Voici trois points clés à prendre en compte dans son itinéraire pour bien commencer le colza associé.

Crédit : Antoine Chedru

1 - Choix le bon mélange de plantes compagnes

Le choix des plantes compagnes s’oriente généralement vers des légumineuses annuelles gélives et/ou pérennes pour les bénéfices qu’elles apportent en termes de fertilité naturelle. De plus, leur développement plus tardif que le colza limite le risque de concurrence au démarrage et rend l’association fonctionnelle.

Les mélanges d’espèces restent le meilleur moyen d’assurer les bénéfices de l’association. Avoir des systèmes racinaires différents permet d’améliorer la porosité du sol et le relargage de l’azote après leur destruction. En effet, les légumineuses annuelles ont des dynamiques d'azote différentes selon leur port végétatif. Par exemple, le fenugrec ou la vesce, avec leur port étalé, ont 100% de leur biomasse aérienne qui sera au contact du sol et la totalité de l’azote sera restitué rapidement. Tandis que la féverole a une restitution plus progressive : environ 30% de l’azote sera disponible dans les 60 jours qui suivent la destruction.

La première étape pour une association fonctionnelle est de bien identifier les problématiques liées à la parcelle (hydromorphie, ravageurs, adventices, fertilité) et d’éviter d’utiliser des espèces présentes dans la rotation pour ne pas augmenter le potentiel infectieux du sol. Au niveau du désherbage, nous recommandons de choisir des parcelles qui ne connaissent pas de problématiques majeures d’adventices dicotylédones car les matières actives utilisées peuvent également tuer les légumineuses.

Crédit : Benoît Georges

Voici un exemple d'association possible :

Mélange gélif : trèfle d'Alexandrie (3 kg/ha) + fenugrec (5 kg/ha) + lentille (10 kg/ha) + féverole de printemps (50 kg/ha) pour un coût d’environ 40 €/ha.

Il est également possible d’ajouter des légumineuses pérennes à ce mélange : trèfle blanc nain (3 kg/ha) + trèfle violet (10 kg/ha).

⚠️ Si le couvert permanent est trop vigoureux au printemps par rapport au colza, il est important de le réguler chimiquement.

⚠️ Éviter les associations de plantes pérennes en cas de forte pression de dicotylédones. C'est pour cela qu'il faut semer tôt pour le colza et le couvert associé (début août) pour qu'ils prennent le dessus sur les adventices de la parcelle.

⚠️ Le semis est à réaliser début août pour assurer une biomasse du couvert associé. Attention néanmoins à ne pas semer trop tôt pour éviter les risques de gel du bourgeon terminal.

2 - Utiliser des outils de mesure pour affiner la fertilisation

Pour être au plus proche des besoins de la plante et des fournitures azotées du sol, nous recommandons de réaliser des pesées en entrée et en sortie d’hiver avec la méthode de la Réglette Azote Colza développée par Terres Inovia.

La biomasse du colza est un indicateur de la quantité d’azote absorbée par le colza car cette plante a la capacité de mettre en réserve l’azote à l’automne et de le remobiliser au printemps.

La mesure de cette biomasse permet, grâce à la méthode de la réglette, de calculer la dose totale d’azote à apporter à la culture au printemps. En connaissant le rendement potentiel et l’azote déjà apporté, il est possible d’en déduire le solde manquant pour compléter la balance. Les apports sont fractionnés à différents stades au vu des besoins et des doses restantes. Par ailleurs, l’association peut permettre de réduire la dose d'azote totale d’environ 30 unités pour une association bien développée.

Le colza étant une crucifère, ses besoins en soufre sont exigeants. Des mesures de Terres Inovia ont montré qu’une carence en soufre peut avoir un impact sur le rendement de l’ordre de 10 à 20 q/ha en colza. Il est donc important de prévoir un apport minimal de 75 unités/ha de sulfate début montaison.

Au niveau des oligo éléments, le colza est particulièrement sensible aux carences en magnésium, manganèse, bore et molybdène. Pour piloter la nutrition de ces éléments, nous recommandons d’utiliser des analyses de sève pour rééquilibrer la plante selon les besoins.

Crédit : Rémi Bablon

3 - Anticiper la lutte contre les ravageurs

Les ravageurs sur colza sont multiples. Pour limiter leur impact sur la croissance de la crucifère, il est important de les anticiper en amont et d’évaluer en cours de cycle l'état et le comportement du colza depuis le semis.

Voici une liste des principaux insectes ravageurs sur colza et les leviers existants pour limiter leurs impacts :

  • Altises adultes : un colza semé tôt permet de limiter le risque. En effet, le colza est particulièrement sensible aux attaques des grosses altises du stade cotylédons jusqu’au stade 4 feuilles (intervalle de temps pendant lequel le colza pousse moins vite qu’il n’est mangé par ces insectes). Il est donc crucial que le colza atteigne le stade 4 feuilles avant l’arrivée des grosses altises sur la parcelle, généralement vers mi-fin septembre.
  • Larves d'altises : réaliser des comptages permet d’appréhender la pression de ces ravageurs et d’améliorer la prise de décision. La méthode du test Berlèse est le seul moyen de bien observer les larves et de décider ou non d'une intervention en fonction des seuils établis.
  • Méligèthes : l'ajout d'une variété très précoce (ex : Alicia) permet d’atténuer les dégâts de ces ravageurs au printemps. Cette technique consiste à mélanger une variété à floraison très précoce (de l’ordre de 5 à 10%) avec la variété d’intérêt. La variété précoce est en fleur pendant que la variété d’intérêt est au stade sensible. Les méligèthes se dirigent préférentiellement sur les fleurs ouvertes, réduisant les dommages sur la variété d’intérêt.
  • Pucerons verts : choisir des variétés tolérantes aux virus transmis par ce puceron (+ choix d’une variété peu sensible au phoma et si possible à la cylindrosporiose).

Crédit : Bastien Lamothe

Pour aller plus loin, nous recommandons de parcourir la formation AgroLeague “Mettre toutes les chances de son côté pour réussir les colzas”.

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