Anthony | Loiret

"Je me suis donné 20 ans pour avoir un système avec le plus d'externalités positives possibles..."

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"J'ai eu un parcours universitaire en Sciences de la Terre que j'ai terminé par un doctorat, à travailler en recherche fondamentale sur le sol. La géologie m'a toujours passionné. J'ai les pieds très ancrés dans la terre. Lors d'une session sur le tassement du sol dans un congrès européen, j'ai compris que si je voulais aider les agriculteurs, ce n'était pas en faisant de la recherche que j'allais pouvoir le faire. Je l'ai annoncé à mon père à 25 ans, en lui disant que je prendrais sa suite à sa retraite. L'idée ne s'était pas déclarée avant. Au fond de moi, j'ai toujours voulu faire ça. Mon père ne m'a jamais forcé. Je l'aidais avec plaisir pendant les travaux d'été mais je n'avais aucune idée du métier.
Quand je suis sorti de thèse, je ne savais même pas comment poussait un grain de blé. De là, j'ai cherché un boulot qui me permettrait de monter en compétence rapidement, d'apprendre les cycles de culture et la façon de procéder pour faire pousser les plantes. J'ai pris un poste de responsable d'essais agronomiques : une formation accélérée car j'ai touché aux phytos, à la sélection variétale, aux différentes techniques. C'est à ce moment là que je suis tombé amoureux de l'agronomie. J'ai fait le lien entre la recherche, les sciences du sol et le côté technico-pratique de l'agriculteur. J'ai fait ça pendant 3 ans, puis, en 2013, on m'a proposé de reprendre une ferme hors cadre familial, à proximité de la ferme de mon père. Au début, j'étais sur cette petite structure et à coté, j'avais un poste de formateur en agronomie & économie agricole dans un lycée agricole. J'ai arrêté quand j'ai repris la ferme de mon père 3 ans plus tard, en 2016. J'ai croisé un ancien élève récemment qui m'a dit : « vous m'avez ouvert les yeux sur l'agriculture ». Ça m'a touché de savoir que j'avais pu lui apporter ça.
Quand j'ai compris que je voulais devenir agriculteur, j'ai commencé à lire, regarder, etc. Avec ma sensibilité, j'ai cherché quelles étaient les pratiques agricoles qui me semblaient les plus positives au niveau de l'environnement. Je me suis donné 20 ans pour avoir un système avec le plus d'externalités positives possibles, orienté agroforesterie avec des techniques d'agriculture de conservation des sols. Je ne cherche pas à être en bio mais j'aimerais diminuer l'utilisation d'intrants au maximum. J'ai une démarche globale sur la ferme : diminution du travail du sol, trafic contrôlé sur les champs, apports systématique de couverts végétaux ou d'inter-cultures, réflexion stratégique pour ne plus utiliser d'insecticide, diminution stricte des fongis grâce à la nutrition des plantes... Si je peux mettre de la biologie à la place de la chimie, je le fais. Je ne réfléchis pas à demain, mais je pense déjà à la semaine prochaine. Je sais où je veux aller et je mets tout en place pour pouvoir y aller. Ce que je vise à la fin de ma carrière, c'est de laisser la ferme au suivant avec la possibilité de développer tout un tas de petites bases que je mets en place; comme mon grand-père l'a fait avec les poulets, et mon père en s'agrandissant. Ma fille Maggy, par exemple, est intéressée par les arbres; on a 3 ha d'amandiers en agroforesterie.
Aujourd'hui, je considère aussi que j'ai un pôle R&D à la ferme. Je suis passionné par les essais. Cette faculté que j'ai de recherche, je l'applique tous les ans à la ferme. 3 à 4% de mon chiffre d'affaires va en R&D, pour permettre d'être plus performant demain. Je partage ça lors de formations dans ma fonction chez AgroLeague, et avec le voisinage quand j'accueille sur la ferme. C'est toujours mieux de voir la pratique chez un autre agriculteur. S'il y a l'exemple, c'est plus parlant. Je connais aussi la réalité et j'apprends de mes erreurs; elles m'ont permis mes plus belles réussites. L'échec est un diplôme pour demain, mais pour avoir le diplôme, il faut quand même apprendre de son échec.
AgroLeague fait partie de ma ferme. C'est un partenaire; les membres sont aussi mes partenaires. Les expériences sont tellement riches : échanger avec des membres du sud, du nord, avec des cultures différentes. Je veux leur donner du positif; on peut y arriver ensemble. Parfois, on est tellement attaché à la terre qu'on comprend pas quand ça va pas. C'est difficile d'avoir le recul nécessaire pour prendre les meilleures décisions pour sa ferme. Mon rôle, c'est de faire prendre ce recul. Avec les membres, je partage mon expérience et je fais en sorte qu'on puisse avancer ensemble. Je considère ça comme un collectif."

Anthony, installé dans le Loiret

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